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Biodiversité
Projets à l’étude
Les exsurgences karstiques – Refuges d’une biodiversité indicatrice des perturbations anthropiques et climatiques
Contexte
Les réseaux hydrographiques karstiques de surface ou souterrain accueillent une biodiversité riche et diversifiée. Ces milieux aquatiques s’inscrivent dans des contextes d’écosystèmes en mosaïque et constituent des lieux de vie temporaire ou permanent pour des espèces faunistiques et dans une moindre mesure floristiques.
Sur un plan horizontal, l’interface entre les eaux souterraines karstiques et les eaux superficielles post-exsurgence est définie dans la littérature et par les opérateurs locaux comme un « hotspot » d’une biodiversité rare et largement méconnue. En effet, l’association de conditions physiques et biologiques particulières dans ces secteurs (température, turbidité, CaCO3 dissous, débit, proies, végétation…), aussi appelés exsurgences ou exutoires karstiques (Fig. 2), offre un environnement idéal au développement de la faune aquatique justifiant les importantes concentrations d’espèces observées (Etude menée par l’Université de Lyon et l’IMT Mines d’Alès membre de l’IFREEMIS).
Les pressions anthropiques présentes dans les bassins d’alimentation associées au changement climatique actuel, marqué en 2022 par une période de sécheresse extrême, renforcent et élargis les enjeux autour des exsurgences karstiques. En effet, ces zones vulnérables représentent des refuges pour les espèces en recherche de milieux plus favorables à leur cycle biologique. Ce rôle de refuge peut être de plusieurs ordres. D’une part thermique, en offrant des îlots de fraicheur permettant à certaines espèces de perdurer, tel que la truite fario dans les gorges de l’Ardèche. Et d’autre part, de quiétude face aux activités anthropiques temporaire ou permanente invasives comme les baignades estivales, la pratique du kayak ou encore du canyoning.
Avec les perturbations climatiques constantes, entrainant ces derniers étés le tarissement des hydrosystèmes, ces hotspots de biodiversité, non inscrit à la liste des habitats d’intérêt communautaire, vont être d’autant plus impactés et dégradés par les activités humaines déjà existantes à l’échelle de leur bassin d’alimentation (pollutions urbaines, agricoles et touristiques, captages d’eau, etc) et également au niveau de l’exsurgence en tant que telle (surfréquentation, captage d’eau à la source, etc).
Enjeux et axes de recherches pluridisciplinaires
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Etudier la concentration, la diversité et la répartition spécifique dans les exsurgences karstiques par des relevés d’ADN environnemental, des inventaires faunistiques et floristiques (odonate, malacofaune, bryophytes, diatomées, etc) et l’analyse de paramètres physico-chimiques hydrologiques et atmosphériques en milieu endo- et exo-karstique (à la source) sur différents types d’exsurgences. Les enjeux de ces suivis pluriannuels sont (1) d’améliorer par une approche globale les connaissances autour des exsurgences (biologie, climatologie, géochimie des eaux, géomorphologie), (2) définir des états de conservation par la construction de protocoles standardisés et la recherche d’espèces indicatrices, et enfin (3) mettre en évidence le caractère unique et vulnérable de ces biotopes refuges pour les percevoir comme un habitat à part entière pouvant s’inscrire à la liste des habitats d’intérêt communautaire.
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A l’échelle des bassins hydrogéologiques étudiée, définir les types de pressions anthropiques rencontrées ainsi que leurs effets associés à ceux du changement climatique sur l’état de conservation des exsurgences. Par la mise en place des suivis présentés ci-dessus, les exsurgences pilotes et référentes (sites en cours de sélections) sont, sur de courtes temporalités, d’excellents témoins des variations climatiques et des perturbations humaines à différentes échelles.
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Proposer des actions d’adaptation multiscalaires face aux pressions anthropiques. Par leur rôle d’indicateur, l’étude de ces milieux peut mener à des prises de conscience des acteurs locaux et initier une évolution des pratiques en se référant aux actions d’adaptation proposées.