La grotte de La Madeleine, propriété de la commune de Saint-Remèze (07700), est l’une des principales grottes touristiques du sud-est de la France. Elle est située en pleine falaise sur la rive gauche et au cœur des Gorges de l’Ardèche. Elle a l’avantage de proposer en sus la Maison de la Réserve naturelle nationale des Gorges de l’Ardèche et d’offrir le plus beau belvédère sur celles-ci.
Description
La grotte est en fait formée de deux cavités reliées par un tunnel artificiel de 20 m de long creusé en 1969 :
La grotte de l’Escure ou grotte Obscure ou encore Caverne des ours qui correspond à la partie supérieure. Elle ouvre par un beau porche près de la paroi du canyon, aujourd’hui entrée principale de l’ensemble. Elle fut un temps, à la fin du XIXe siècle, exploitée pour ses phosphates. Elle a servi d’abri pour des familles du village pendant la retraite des troupes allemandes en août 1944.
La grotte de la Madeleine qui se développe plus bas, avec des volumes plus importants. L’entrée naturelle de la grotte de la Madeleine se trouve en bas de la falaise, 50 mètres au-dessus du niveau de l’Ardèche. Celle-ci a fait l’objet de fouilles sommaires livrant d’innombrables fragments de poteries néolithiques. Il existe une entrée supérieure ouverte en paroi.
L’ensemble de la visite aménagée s’étend sur 500 m de long, soit sur un kilomètre aller-retour, et la progression s’étire par paliers sur 65 mètres de profondeur. La visite dure environ une heure.
Historique
La cavité de la Madeleine a été découverte en 1888 par Germain Rigaud, un berger du village surnommé « le filleul », qui avait perdu l’une de ses chèvres, avec une bougie pour tout éclairage. Elle fut ensuite visitée par de nombreux spéléologues de renom comme Robert de Joly en 1936, l’abbé Glory en 1946 et Jean Trébuchon en 1952/53, qui en dresse un premier plan.
Il y a aussi les travaux de recherche, de topographie et de désobstruction de P. Girodias, ingénieur des Mines, qui aboutissent à la reconnaissance des salles supérieures fin 1960. Ces différentes explorations permirent d’identifier environ quatre kilomètres de galeries.
Elle est d’abord sommairement exploitée, à compter de 1952, par Léon Jouve, en lien avec son camping naturiste qui se tient au pied. A partir du plateau et un escalier assez raide, la grotte de La Madeleine est alors le seul accès possible à la rivière.
La construction de la route touristique des Gorges de l’Ardèche démarre en 1967. Elle encourage le maire de l’époque, Charles Boulle, à aménager la grotte, qui est ouverte au public le 10 août 1969, après le percement du tunnel par une entreprise du Gard. La grotte est d’abord exploitée par le Syndicat Mixte d’Equipement de l’Ardèche (S.M.E.A.) de 1969 à 1979. Puis, la commune de Saint-Remèze reprend possession de son bien et exploite depuis le site à son compte, en régie directe.
Intérêt patrimonial et scientifique
Par ses grands volumes, les profils des galeries, les formes en creux sur les voûtes ou sur les parois, la grotte de La Madeleine au sens strict permet de bien comprendre la dynamique de la formation d’une cavité karstique et son fonctionnement hydrologique.
Le second intérêt majeur de la grotte est de présenter la plupart des types de concrétions et de pouvoir en apprécier leur développement spectaculaire. Les draperies y occupent une place de choix. Une autre originalité, c’est cette richesse des couleurs que nous avons tout au long du développement de la visite, un panel de couleurs peu courant, du brun, rouge, ocre au blanc immaculé.
L’ensemble des deux grottes, avec leurs galeries étagées, offre une verticalité intéressante qui la démarque de bien d’autres cavités.
Selon J. Martini, les volumes de la grotte se seraient formés pour l’essentiel en milieu noyé entre 6 et 2 millions d’années, soit pendant et après la « crise de salinité messinienne », et le concrétionnement aurait suivi lors de la phase d’assèchement.
La Maison de la Réserve
Elle voisine la billetterie et la boutique de la grotte de La Madeleine. Il s’agit d’un espace muséal pour mieux comprendre et apprendre à respecter cet environnement exceptionnel que sont les Gorges de l’Ardèche classées en Réserve naturelle nationale depuis plus de trente ans.
L’approche de cette exposition permanente se veut pluridisciplinaire et s’adresse à tout public. Elle se présente sous forme de panneaux, de maquettes, de visuels et de bornes interactives et ludiques. Au cœur de la salle, une vaste maquette reproduit le canyon, avec des touches pour localiser les principaux rapides, les bivouacs, les plus beaux belvédères, les grottes et sites majeurs.
Le belvédère
Directement sur le sommet de la falaise, il offre une vue panoramique exceptionnelle sur le canyon de l’Ardèche, une entaille profonde de plus de 200 m dans la masse calcaire, en particulier vers l’aval.
On y voit des paysages grandioses de parois verticales, de porches, grottes et vires, de rives sauvages, refuges d’une biodiversité unique.
Sur la rive gauche, vers l’aval, pointe le Rocher de la Cathédrale, une des merveilles naturelles des Gorges. Le belvédère permet encore d’appréhender le creusement des Gorges lié pour l’essentiel à la variation du niveau de la Méditerranée (dont la fameuse crise de salinité messinienne) et au soulèvement de la bordure orientale du Massif central sous l’effet de la poussée alpine.